Impacts écologiques

1er argument pour quitter le capitalisme

La croissance économique infinie n’est écologiquement pas soutenable

Produire, produire, produire !

Les modèles dominants de société, dont la nôtre, sont basés sur l’impératif de générer une croissance économique d’année en année.

Mais pour générer toujours plus de profits, il faut produire toujours plus de marchandises ou de services. Produire plus vient avec une exploitation de « ressources » toujours croissance.

« Dans la logique du capitalisme, la nature a une valeur lorsque les forêts sont abattues, les animaux morts, les plantes déracinées, les rivières harnachées, les montagnes éventrées, les sous-sols évidés. Ce sont de simples « ressources naturelles ». Les entreprises se les approprient, souvent grâce au soutien de l’État. Elles dépossèdent ainsi les communautés qui vivent de ces milieux, souvent en les marquants par des frontières racistes ».

Cette exploitation croissante génère des pollutions, des ravages écologiques et des destructions d’habitats eux aussi toujours plus importants.

Source : Steffen et al. (2015) « The trajectory of the Anthropocene : The Great Acceleration », The anthropocene Review, pp. 84 et 87.

Le rythme et l’intensité des ravages dépassent maintenant la capacité des milieux de vie à se régénérer.

Depuis des décennies, pour nous faire croire qu’il est bon de persister dans cette voie mortifère du capitalisme, ses tenant-es promettent que la croissance pourra continuer si elle est durable!

Cette croyance porte le nom de développement durable.

Le développement durable repose sur une hypothèse : un jour, nous serions en mesure de continuer à générer de la croissance économique infinie sans augmenter les ravages écologiques. Cette promesse est nommée « découplage ».

Cela fait maintenant presque 40 ans que les apôtres du capitalisme promettent que ce découplage arrivera, tel le Messie. Pourtant, les études scientifiques s’accumulent et s’accordent pour conclure qu’il n’y a aucune preuve objective permettant de croire qu’un découplage se produise un jour de manière assez rapide, soutenue et globale afin de significativement nous permettre d’éviter le pire.

220 ANS!

Les chercheurs Jason Hickel et Jefim Vogel ont mené une étude pour évaluer si le développement durable (ou la croissance verte) a des chances de se réaliser. Pour ce faire, ils ont analysé la plausibilité du découplage pour empêcher d’atteindre le seuil de réchauffement climatique de       +1,5 °C (même si nous savons maintenant que la négligence des gouvernements successifs, particulièrement au Canada, a mis cet objectif hors de portée). 

En se penchant sur les 11 pays dans le monde présentant un revenu élevé et ayant réussi à effectuer une croissance économique sans augmenter leurs émissions de gaz à effet de serre de 2013 à 2019 (ce qui consiste en un découplage), voici la conclusion des chercheurs :

À ce rythme, les 11 pays ayant réussi à effectuer un découplage, auraient en moyenne besoin de 220 ans pour réduire suffisamment leurs émissions de gaz à effet de serre pour respecter la limite de réchauffement climatique à ne pas dépasser. 220 ANS! Et ça, c’est le scénario le plus OPTIMISTE que peut réalistement promettre le développement durable!

Le développement durable est donc une grave fabulation. Les politiques fédérales, provinciales, municipales ou privées qui prônent encore aujourd’hui le développement durable, maintiennent la population dans la confusion, voire une ignorance dangereuse pour tout le monde. Persister avec le développement durable permet de polluer un peu moins pour détruire plus longtemps. D’un autre côté, les entreprises et gouvernements qui prônent la croissance à tout prix sans façade écologique nous mènent vers l’auto-destruction rapide et sans détour.

Choisir entre le capitalisme vert ou le capitalisme tout court revient à choisir entre la peste et le choléra.

Pourquoi la croissance économique infinie est-elle incompatible avec l’écologie?

A) La croissance économique n’est pas compatible avec la sauvegarde d’un milieu de vie sain parce qu’elle se bute à des limites biophysiques

L’énergie

Croître infiniment nécessite une production et une consommation croissante d’énergie. Malgré les promesses du développement durable et l’ajout de technologies de transformation d’énergies dites « vertes »*, dans le système capitaliste, les sources d’énergies s’additionnent, mais ne se substituent pas vraiment. C’est ce que Jean-Baptiste Fressoz historien des sciences, des techniques et de l’environnement, nomme de l’empilement énergétique.

Il n’y a jamais eu autant de panneaux solaires et d’éoliennes, mais en même temps, il n’y a jamais eu autant de production et de consommation d’énergies fossiles. Sous le capitalisme, non seulement la transition énergétique n’a pas lieu, mais la plupart des partis politiques et leurs copains des multinationales promettent d’exploiter davantage les énergies fossiles pour alimenter leur religieuse croissance économique.

* L’industrie minière se réjouit de l’appel à la transition énergétique : cette nouvelle promesse capitaliste permet au secteur minier (l’industrie la plus polluante et injuste au monde) d’ajouter à sa demande tout le secteur de l’électrification, de l’industrie photovoltaïque et éolienne en plus de continuer à fournir à tout va tous les autres secteurs traditionnels de production de marchandises et d’infrastructures (transport, construction, techno-numérique, Intelligence artificielle générative, etc.).

La biocapacité

Qui dit capitalisme ou croissance économique infinie, dit nécessité de production de marchandises et de services à l’infini. Le problème, c’est que pour produire à l’infini, il faut extraire des « ressources » à l’infini. Les volumes et l’intensité d’extraction et de pollution sont d’une telle ampleur, qu’ils dépassent les capacités des milieux à se régénérer.

Depuis 2020, le poids de toute la matière artificielle produite par les activités capitalistes (excluant les déchets!) dépasse le poids de tous les êtres vivants sur Terre. D’ici 2040, si les tendances se maintiennent, il est estimé que le poids de l’artificiel soit le double de celui du vivant.

Les limites planétaires

Comme mentionné plus haut, qui dit capitalisme, dit production, exploitation, pollution toujours croissantes. La promesse du capitalisme, rappelons-la, est l’accès à de meilleures conditions de vie. Mais pour vivre, notre espèce et plusieurs autres dépendent d’équilibres biophysiques dont certains seuils ne doivent surtout pas être franchis.

Selon les études du Stockholm Resilience Center, sur les 9 limites planétaires identifiées à ne pas franchir, en 2023, 6 étaient déjà franchies. Il s’agit du cycle de l’eau, de l’érosion de la biodiversité, de l’utilisation des sols, de l’introduction de nouveaux polluants dans la biosphère, des cycles du phosphore et de l’azote.  L’acidification des océans risque de l’être bientôt.

B) La croissance économique n’est pas compatible avec la sauvegarde d’un milieu de vie sain parce qu’elle se bute à ses propres limites économiques

Pour continuer à produire dans le but de poursuivre la croissance économique, les capitalistes promettent qu’il est possible de le faire en étant plus efficace dans les processus de production, ce qui permettrait d’utiliser moins de ressources, donc d’extraire moins et de polluer moins.

Cependant, la plupart du temps, il n’en n’est rien. Paradoxalement, la ressource qu’il était prévu d’économiser se verra exploitée dans une mesure encore plus grande. Ce phénomène porte le nom d’effet rebond.

En effet, dans le marché capitaliste, une avancée technique qui gagne en efficacité de production, aux détenteurs de la technique de produire davantage pour gagner les parts du marcher des compétiteurs. Éventuellement, tous les compétiteurs vont se munir de cette technique et produire plus pour rester dans la course. Plutôt de se contenter de produire le nécessaire en moins de temps ou avec moins de ressources, la production et donc l’extraction de la ressource vont bondir!

L’exemple de la voiture est un cas type. Plus les moteurs sont devenus performants, donc abordables, plus les véhicules sont devenus gros, munis de plus en plus de gadgets pour être vendus plus cher et profiter davantage aux industries de l’automobile. L’extraction nécessaire à manufacturer toutes les composantes des nouveaux modèles augmente, de plus en plus de voitures, VUS et camions s’ajoutent à la circulation, ce qui demande une multiplication d’infrastructures pour soutenir cet immense parc de véhicules. Ce rebond vaut autant pour les véhicules à essence que les véhiculent électriques.

L'effet rebond de la voiture

C) La croissance économique n’est pas compatible avec la sauvegarde d’un milieu de vie sain parce qu’elle se bute aux limites politiques

Taxer la population pour la pollution qu’elle génère, est-ce que ça fonctionne?

Prenons l’exemple de la taxe sur l’essence.

Soit les très riches n’en voient pas l’effet sur leurs finances donc ne modifient pas leur consommation, soit ils ont les moyens de se procurer un véhicule électrique qui ne règle en rien l’expansion de l’infrastructure routière, l’addition de dispositifs énergétiques et en somme l’artificialisation des espaces de vie (routes, stationnements, bornes, expansion de l’activité minière et de ce qui vient avec comme conséquences).

Face à une telle mesure, ce sont les plus précarisé·es qui en paient inéquitablement le prix. Pour certain·es, leur horaire de travail dit « atypique » (travail de soir, nuit ou fin de semaine) fait en sorte qu’ils et elles doivent se déplacent en dehors des heures régulières de service de transport en commun… si seulement il y a un service de transport en commun offert sur leur trajet! En effet, pour parvenir à se loger malgré de plus faibles revenus, les travailleur·euse·s vivent souvent éloigné·e·s du cœur de leur municipalité et donc des services essentiels (s’il y a encore des services dans leur municipalité) ce qui exige le recours à la voiture pour s’organiser.

Enfin, taxer les personnes sans mettre en place d’alternatives accessibles, mène inévitablement à des soulèvements légitimes et violemment réprimés comme nous avons pu le voir en 2018-2019 avec le mouvement des gilets jaunes.

Taxer les individus revient à sous-entendre que le problème vient des choix individuels des habitant-es et non pas du monde qui a été construit par la grande entreprise et la classe dirigeante qui se confondent l’une et l’autre.

Taxer les grandes entreprises et multinationales alors?

Cette idée a été tentée en 2018, par les Libéraux, à l’approche des rapport spéciaux du GIEC sur la limite de réchauffement climatique maximal de 1,5°C à ne pas dépasser. Ce fut un ÉCHEC.

Les grandes industries ont fait coalition pour refuser la taxation proposée et pour la réduire à un degré tel qu’il n’y a de réduction significative de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Il s’agit d’une décision délibérée des industries : leurs profits contre une chance de laisser à l’ensemble des populations humaines et autres qu’humaines un milieu de vie vivable.

Sans le prôner, loin s’en faut, le monopole de la violence détenu par l’État ne sera jamais dirigé contre ses amis de l’industrie, comme ce fut le cas à l’encontre des Gilets jaunes. La violence est de plus en plus dirigée contre les personnes qui nous alertent de quitter le navire de la grande destruction massive. Au moment d’écrire ces lignes, l’État est le gardien bienveillant de la grande Entreprise. Pas de la population. La population n’est qu’une marchandise exploitable, domesticable, remplaçable que l’État-Entreprise (duo inséparable au sommet de la religion capitaliste) divise par le chantage du « marché du travail » et la par tyrannie du salaire capitaliste.

Où en sommes-nous par rapport aux 1,5°C annoncés comme cruciaux à ne pas franchir pour maintenir un climat à la limite du vivable?

«

                Un rapport de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) fait état de l’aggravation des effets du temps et du climat.

Selon une nouvelle édition du rapport sur l’état du climat mondial publiée par l’OMM, les indicateurs significatifs du changement climatique d’origine anthropique par l’homme [CAPITALISTE] ont atteint de nouveaux sommets en 2024, certaines des conséquences étant irréversibles sur des centaines, voire des milliers d’années. Ce rapport met également en évidence les bouleversements économiques et sociaux massifs provoqués par les phénomènes météorologiques extrêmes.

Les auteurs du rapport confirment que 2024 est probablement la première année civile où la température moyenne mondiale dépasse de plus de 1,5 degré Celsius (°C) les valeurs préindustrielles, avec une température moyenne à la surface du globe supérieure de 1,55 ± 0,13 °C à la moyenne de la période 1850-1900. L’année 2024 décroche la première place des années les plus chaudes jamais observées en 175 ans.

Les conclusions du rapport phare de l’OMM sont les suivantes:

  • La concentration atmosphérique de dioxyde de carbone n’a jamais été aussi élevée en 800 000 ans.

  • Au niveau mondial, chacune des dix dernières années fait partie des dix années les plus chaudes jamais enregistrées.

  • Chacune des huit dernières années a établi un nouveau record en matière de contenu thermique de l’océan.

  • C’est au cours des 18 dernières années que l’on a observé les 18 étendues de glace de mer arctique les plus faibles.

  • Les trois étendues de glace antarctique les plus faibles ont toutes été enregistrées ces trois dernières années.

  • La plus importante perte de masse glaciaire triennale jamais enregistrée s’est produite ces trois dernières années.

  • Le taux d’élévation du niveau de la mer a doublé depuis le début des mesures satellitaires.

»

World Meteorological Organization (WMO). (2025) « State of the Global Climate 2024 », WMO-No. 1368, Genève. Tiré de https://library.wmo.int/idurl/4/69455

Puisque les riches entreprises et multinationales refusent d’être taxées significativement, pourquoi pas encourager leurs bons comportements en créant un marché du carbone?

Le peu d’études qui se penchent sur le sujet démontrent que le marché du carbone, au mieux, permet des réductions d’émission de GES insignifiantes* et au pire, produit l’effet inverse. Des expropriation population du Sud, particulièrement des Autochtones, sont exécutées pour vendre leurs milieux de vie au marché des crédits carbone. Comme tout ce qui tombe dans les mains dominantes du capitalisme, le marché du carbone est devenu un véritable business à but lucratif. Une vraie farce pour le climat et une vraie fraude pour les populations.

« En Europe, la réduction des émissions aurait été de 0 à 1,5% par année depuis la création en 2005 du Système communautaire d’échange de quotas, le plus grand marché du carbone au monde. On est très loin des 11,3% de réduction ANNUELLE que devraient effectuer les pays riches pour éviter un réchauffement de plus de 1.5 degré Celcius. »

Les taxes et le marché du carbone sont une distraction qui nous détournent de la seule solution : couper la possibilité d’extraire et de transporter davantage de gaz, de charbon et de pétrole. Et ça, ça ne concerne que la question du réchauffement climatique. Le parallèle est à faire pour toutes les industries qui déversent des pollutions et produisent des destructions incompatibles avec la vie. Rappelons-le : à part le réchauffement climatique, 5 autres limites planétaires tout aussi vitales sur les 9 identifiées sont déjà franchies. En plus, elles ont un impact d’emballement les unes sur les autres.

Face aux limites écologiques franchies par le capitalisme, il faut PRODUIRE MOINS!

Pourquoi quitter la croissance infinie

2ème promesse non tenue